Un double défi : lutter contre la COVID-19 et le paludisme en Ouganda
Kampala – Un mois après que l’Ouganda a instauré des mesures strictes pour contenir la propagation de la COVID-19, la menace de flambée d’une autre maladie a déclenché une nouvelle campagne nationale : « Pourquoi survivre à la COVID-19 et mourir du paludisme ? », entendait-on dans les radios.
L’enregistrement du premier cas de virus en Ouganda, fin mars 2020, a coïncidé avec le début de la saison des pluies, quand les infections du paludisme montent en flèche. Composant avec le couvre-feu et le confinement qui limitait les déplacements, ainsi que la peur du public de se rendre dans les centres de santé et la réduction du nombre de consultations par un personnel de santé épuisé, les autorités sanitaires du pays ont lancé les opérations de consolidation de la prévention et de traitement du paludisme.
Le paludisme est la principale cause de décès en Ouganda. En 2019, près de 4000 personnes sont mortes de la maladie et plus de 13 millions ont été infectées. Du fait des restrictions de déplacements, il était anticipé que le nombre de cas de paludisme augmente 22 % et que celui des décès double, explique Dr Jimmy Opigo, assistant du commissaire aux services de santé du ministère de la Santé, citant une étude de l’OMS et de la revue The Lancet.
Les admissions à l’hôpital à cause du paludisme ont chuté : on comptait 47 775 admissions en mai, contre 68 856 au même moment l’année précédente. « Donc notre message principal était que les deux maladies devaient être combattues ensemble », explique Dr Opigo.
L’approvisionnement en matériels essentiels pour contrôler le paludisme a aussi été perturbé. Les lignes de production de nombreuses entreprises biomédicales ont été redimensionnées au profit de matériels anti COVID-19, ce qui a ralenti la confection et la distribution de produits tels que les tests rapides de paludisme, explique Dr Bayo Fatunmbi, qui dirige l’équipe de prévention et de contrôle des maladies au bureau de l’OMS en Ouganda.
Les essentiels
Fournir des services de santé cruciaux tout en luttant contre la pandémie implique de désigner quels sont les services essentiels et de réassigner les composants du système de santé afin de maintenir ces services opérationnels. Dans le cadre de la riposte à la COVID-19, le gouvernement a mis en place une unité chargée de piloter la continuité des services essentiels. En collaboration avec l’OMS et d’autres partenaires, le gouvernement a publié un document d’informations et de conseils, et a formé les personnels de santé au niveau national et dans les districts afin que les services clés, dont ceux concernant le paludisme, soient fournis en toute sécurité.
Le personnel de santé a été réaffecté et leurs tâches ont été adaptées en fonction des besoins les plus urgents. « Pour s’assurer qu’aucun cas de paludisme ne passe à travers les mailles du filet, nous avons insisté sur le besoin de tester tous les patients se plaignant de fièvre au niveau des postes de tri et dans les centres de traitement », explique Dr Opigo.
Les personnels de santé impliqués dans la distribution de moustiquaires imprégnées ont été formés à la poursuite des opérations de façon sûre sans s’exposer, ni les bénéficiaires, aux risques d’infection de la COVID-19, explique Dr Fatunmbi. Néanmoins, à mesure que le besoin de distribuer les moustiquaires s’est fait pressant, des inondations dans plus de la moitié des 134 districts ont rendu les déplacements compliqués.
Pour respecter les mesures de prévention de la COVID-19, la distribution de moustiquaires a été effectuée en partie numériquement grâce à une application téléphonique permettant d’enregistrer les bénéficiaires. Des équipes réduites ont ainsi effectué la distribution et l’enregistrement en porte-à-porte. Des stations de radio locales ont diffusé des programmes de sensibilisation du public aux nouvelles procédures. Habituellement, les moustiquaires sont distribuées lors de rassemblements publics – ce qui était impossible du fait de la pandémie.
Sur les 29 millions de moustiquaires censées être distribuées début 2020, plus de 19 millions ont été remises aux foyers jusqu’à présent. Six autres millions seront distribuées en décembre et les quatre millions restant en février 2021.
“C’est le meilleur moyen de se protéger de la malaria parce que les moustiques ne peuvent pas nous piquer. Personne dans ma famille n’a eu le paludisme depuis longtemps”, affirme Betty Nabokenya, une habitante de Mpigi, une ville située près du lac Victoria, où plus de 86 000 moustiquaires ont été récemment distribuées.
À mesure que les restrictions étaient levées début mai, la pulvérisation d'insecticide à effet rémanent à l'intérieur des habitations a aussi recommencé, avec des équipes formées, dans 16 des districts les plus affectés par le paludisme dans la région centrale de l’Ouganda, protégeant ainsi près de 5 millions de personnes.
« La COVID a paralysé notre système mais nous commençons à normaliser la situation et à travailler malgré la COVID », explique Edward Ssemwanga, responsable senior de la lutte anti-vectorielle dans le district de Mpigi.
Dr Fatunmbi de l’OMS note que la promotion de l’accès aux services de prévention et de traitement du paludisme a contribué à contenir la hausse des infections en 2020, malgré d’importantes inondations.
« Nous ne sommes pas au bout de nos peines par rapport aux interruptions dues à la COVID-19 », prévient-il. « Les infections du personnel de santé restent une menace majeure. Les ruptures de stock d’EPI (équipement de protection individuelle) pour le personnel de santé à tous les niveaux doit être abordées, Néanmoins, la communauté de lutte contre le paludisme est sur le qui-vive pour traiter les risques et prévenir les menaces. »
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